De drôles d’oiseaux. C’est en somme ce que l’on peut déduire des premières cases du magnifique et poétique “Birdy’s” par Nolwen chez Clair de Lune.
Six étranges volatiles blancs déambulent dans un désert gris et aride. Cinq novices et un initié marchent ensemble vers le Gwez-Meur, un arbre mystique porteur de plumes colorées. Leur but : devenir “passeurs”. Mais les rapports de force ne sont pas égaux et Awen, l’un de nos oiseaux, va devoir faire preuve d’ingéniosité pour s’imposer. Car le “passeur” n’est pas qu’un membre éminent de la communauté, il est l’avenir de celle-ci.
Awen est un oiseau malin mais à l’instar de ses camarades d’initiation, il a aussi un gros ego qui risque bien de le perdre.
Héros d’une fable magistrale, d’une parade nuptiale fantaisiste permettant un regard moqueur sur la société, les “Birdy’s” forment un groupe qui lutte pour sa survie. Pour cela, il faut qu’ils domptent la magie de cet arbre totem et des couleurs si importantes qu’il confère. Nos héros ont besoin de lui pour séduire, pour s’assurer un futur. Mais le désir d’avenir se double d’une hiérarchie impitoyable et d’un rapport à l’autre bien mesquin. L’animalité primaire des piafs est plus proche de la bassesse bien humaine.
“L’alternative” est complexe au niveau du scénario, ses codes se découvrent au fur et à mesure, l’univers reste longtemps opaque pour le lecteur qui y plonge et pourtant la lecture se fait sans gêne et reste prenante jusqu’à la fin. Mais si le scénario subjugue par sa qualité, le dessin dans son originalité et sa pureté est lui un régal. Le physique et la symbolique de chaque oiseau reflètent bien sa personnalité, son esprit. Surtout quandle tout s’inscrit dans une structure sociale normée qui n’est pas sans rappeler la notre.
Au-delà du conte, “Birdy’s - L’aternative” est une réflexion poétique sur les rapports humains transposée dans un cadre fantastique en nuances de gris. Un nuancier utilisé ici à propos…